Les aventures d’un gaspésien de 85 ans
Texte de présentation de l’auteur (4e de couverture)
Delphis Babin : Un parcours unique
Tout à tour ébéniste-rembourreur, vendeur de porte-à-porte pour la Compagnie de brosses Fuller, vendeur de napperons et de calendriers publicitaires, initiateur de regroupements marchands, puis spécialiste de l’organisation de gestion des stations-service, Delphis Babin a connu, depuis son village natal de Maria jusqu’à aujourd’hui, un parcours unique.
Fondateur du Club Toastmasters Saint-Eustache et porteur du titre « Distinguished Toastmaster », la plus haute distinction honorifique dans cette organisation, tout au long de son existence, Delphis Babin a fréquenté ou s’est lié d’amitié avec plusieurs personnages marquants de l’histoire du Québec, comme l’auteur Claude Jasmin, avec qui il a étudié à l’École du meuble, Claude Bédard (fondateur du centre Épic), Vincent Della Noce (Association des automobilistes [ASA], puis député fédéral), et tant d’autres encore.
Animé par des valeurs solides d’honnêteté, de travail et de service, assoiffé de connaissances, cultivé, musicien dans l’âme et conscient de sa valeur, M. Babin est suffisamment humble pour avoir omis de mentionner qu’un sentier de quad porte son nom dans les Laurentides — omission que nous avons corrigée, il va s’en dire.
Au fil du récit de ces 85 années de vie, cet extraverti aime taquiner et vous laissera parfois interloqué en vous mettant au défi, ici et là dans le texte, de déterminer si une anecdote est un fait vécu ou une de ces exagérations dignes des meilleures histoires de pêche dont il est friand.
Marie-Andrée Dionne
Rédactrice, Les éditions du Chapeau violet
Wentworth-Nord, Québec
Pour ce procurer le livre l’on s’adressera directement de l’auteur
Extraits
Premier enfant tardif
Dans ces années-là, c’était très mal vu de ne pas avoir d’enfant. Les curés y voyaient de très près et refusaient même l’absolution, à la confesse, à ceux et celles qui « empêchaient la famille ». Mes parents ont eu leur premier enfant, Marie-Laure, seulement trois ans après leur mariage. Mon père était prêt à recourir à l’adoption, car ils commençaient à se faire regarder de travers par les gens du village. Ils se sont bien repris ensuite et, rendu au treizième, Delphis, il avait probablement dépassé son quota. J’en suis heureux.
Veillées musicales et radio
Ma mère aimait organiser des soirées de danse et de chansons même si la danse était défendue par le curé. Comme nous demeurions à côté de l’église, elle mettait des draps dans les fenêtres pour ne pas qu’il nous voie. Maman disait qu’elle aimait mieux avoir les jeunes à la maison sous sa surveillance. Je ne sais pas comment elle s’arrangeait avec le curé à la confesse.
Je me souviens des veillées chez nous avec la parenté et les voisins. Jean-Baptiste
De Grâce (que nous appelions « Tis ») jouait du violon et Bernadette l’accompagnait au piano. Jean-Marie Dugas, je pense, jouait de la guitare; quelqu’un jouait du gazou, un autre des cuillères, un autre de la bombarde, tandis qu’un autre encore tapait du pied, et il y en avait même un qui jouait du peigne. Tous ces derniers instruments ne coûtaient pas cher durant la Grande Dépression.
Livreur de pharmacie dans le Red Light à Montréal
La guerre venait de finir, les emplois étaient rares et le rationnement était encore omniprésent. Pour mon premier emploi, je fus. messager pour la Pharmacie Harbour, rue Sainte-Catherine, près de la rue Sainte Élizabeth, dans le « Red light ». Je livrais les condoms à la grosse (une boîte de 144) dans les bordels. Quel changement avec l’atmosphère religieuse du juvénat des frères maristes ! J’étais payé dix sous l’heure et je recevais des pourboires.
Mon cousin, un pharmacien, était joueur compulsif. Une fois, il a simulé un vol à main armée pour cacher le fait qu’il avait vidé la caisse du patron pour jouer à la barbotte. Je n’ai pas suivi ce mauvais exemple grâce, je pense, à la formation que j’avais reçue jusqu’à cette époque.
Ce qui fait une vie
Sentir que l’on aide les gens qui nous entourent est, à mon avis la plus grande valorisation que l’on puisse ressentir. Cela représente la beauté d’être un humain.